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Christianisme et antinatalisme

Marie portant Jésus mort, d'après la Pietà Martinengo de Giovanni Bellini.

En 2019 parut La grande supercherie chrétienne : de l'oubli que le christianisme des origines était un antinatalisme de Théophile de Giraud. Comme son nom l'indique, l'auteur tente de montrer dans ce court essai que le christianisme était à la base antinataliste. Mon objectif sera ici un poil plus humble : plutôt que de dire que le christianisme est antinataliste, je me contenterai, du moins dans un premier temps, de défendre qu'il peut tout à fait être compatible avec l'antinatalisme. Nous nous pencherons principalement sur les textes bibliques avec tout de même un aperçu sur ce qui s'est fait par la suite dans l'histoire du christianisme. Sauf mention contraire, les extraits cités sont de ma traduction.

La famille est une valeur chère au christianisme qui prend grand soin de la défendre. Pourtant, Jésus n'y porte que peu d'intérêt dans les évangiles. C'est au contraire en se détachant de sa famille que l'on peut suivre le Christ et atteindre la vie éternelle :

Un autre des ses disciples lui dit : « Seigneur, permets-moi d'abord de me retirer et d'enterrer mon père. » Jésus lui répondit : « Suis-moi, et laisse les mort enterrer leurs morts. » Matthieu 8:21-22
= Luc 9:59-60
Celui qui préfère père ou mère à moi n'est pas digne de moi. Et celui qui préfère fils ou fille à moi n'est pas digne de moi. Matthieu 10:37
Si quelqu'un vient à moi et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même encore sa propre âme, il ne peut être mon disciple. Luc 14:26
Pierre se mit à lui dire : « Voici, nous avons tout abandonné et nous t'avons suivi. » Lui répondant, Jésus dit : « Amen je vous dis, il n'est personne qui ait abandonné maison, frères, sœurs, père, mère, femme, enfants ou terres à cause de moi et à cause de l'évangile, sans qu'il ne reçoive maintenant et en cette époque, au milieu des persécutions, cent fois plus de maisons, de frères, de sœurs, de mères, d'enfants, de terres et, dans l'éternité qui vient, la vie éternelle. » Marc 10:28-30
= Matthieu 19:29
= Luc 18:28-30

Il faut dire que pour le Christ, les liens du sang n'ont aucune importance. Il considère comme membres de sa famille uniquement celles et ceux qui font la volonté de Dieu :

Or une foule était assise autour de lui. On lui dit : « Voici, ta mère, tes frères et tes sœurs te cherchent dehors. » Et il leur répondit en disant : « Qui sont ma mère ou mes frères ? » Et en regardant ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. En effet, celui qui ferait la volonté de Dieu, celui-ci est mon frère, ma sœur et ma mère. » Marc 3:32-35
= Matthieu 12:46-50
= Luc 8:19-21

Dans l'Ancien Testament, la révélation de Dieu était essentiellement réservée à la descendance d'Abraham. Le Nouveau Testament rompt avec cette généalogie à plusieurs égards. Bien qu'on s'intéresse à sa généalogie (Matthieu 1:1-17 ; Luc 3:23-38), le Fils de Dieu n'a en réalité aucune ascendance paternelle de par sa conception immaculée. Il n'est ni fils d'Abraham (Jean 8:58) ni fils de David (Matthieu 22:41-45). N'ayant lui-même pas perpétué sa lignée, il enseigne que faire partie de la descendance biologique d'Abraham est sans valeur :

Aussi, ne croyez pas qu'il soit bon de dire en vous-mêmes : « Nous avons un père, Abraham. » Car je vous dis que de ces pierres, Dieu est capable d'éveiller des enfants à Abraham. Matthieu 3:9
= Luc 3:8

Le christianisme se présente comme une religion accessible à tous, juifs comme non-juifs. Il parait dans ce cas logique que nos origines, dues uniquement à notre naissance naturelle, ne font aucune différence. Ce qui compte désormais, c'est le concept de nouvelle naissance exposé en Jean 3:1-13. Celle-ci donne accès au royaume de Dieu et la foi en Christ permet de devenir son enfant du Très-Haut :

À tous ceux qui l'on reçu, il a donné la capacité de devenir enfants de Dieu à ceux qui ont foi en son nom. Ceux-ci ne sont pas né du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu. Jean 1:12-13

Dans le Nouveau Testament, la chair est souvent mal connotée à cause de son inclination pour les passions et le péché. Elle est tout au moins perçue comme inférieure à l'Esprit, comme une chose qu'il faut en quelque sorte surpasser. À deux reprises (Galates 4 ; Romains 9), l'apôtre Paul utilise quant à lui la progéniture d'Abraham comme allégorie pour opposer la chair (représentée par la naissance naturelle d'Ismaël) à la promesse de Dieu (représentée par la naissance miraculeuse d'Isaac). Dans ces deux chapitres, Paul laisse entendre que certaines naissances étaient peu souhaitables. La procréation selon la chair donna en effet naissance à un persécuteur :

Mais tout comme celui qui était né selon la chair persécutait jadis celui qui était né selon l'Esprit, il en va de même encore maintenant. Galates 4:29

Ésaü, fils d'Isaac et Rébecca et frère aîné de Jacob, est présenté de manière encore plus explicitement dépréciative, Dieu le haïssant avant même sa naissance :

En outre, il y eut aussi Rébecca, qui connut la couche d'un seul homme : notre père Isaac. En effet, alors que ses enfants n'étaient pas encore nés et n'avaient fait ni bien ni mal, afin que le plan de Dieu reste une question d'élection, non pas grâce aux œuvres mais grâce à celui qui appelle, il eut été dit à cette femme : « le plus grand servira le plus petit. » Selon qu'il est écrit : « j'ai aimé Jacob tandis qu'Ésaü, je l'ai haï. » Romains 9:10-13

Même Jésus donne ouvertement un exemple de procréation non désirable lorsqu'il parle de Judas :

Le fils de l'homme s'en va, selon qu'il est écrit à son sujet. Mais malheur à cet homme par lequel le fils de l'homme est livré ! Il aurait mieux valu pour lui que cet homme n'ait pas été mis au monde. Marc 14:21
= Matthieu 26:24

En fait, j'ai l'impression que c'est la procréation en général qui perd de sa cote avec le Nouveau Testament. Dans l'Ancien, l'infertilité est un problème grave que Dieu finit toujours par résoudre en accordant la fécondité. Or, lorsque Paul reprend en Galates 4 la prophétie vétéro-testamentaire d'Ésaïe 54:1, une promesse d'enfants faite à une femme stérile, il insiste bien sur son interprétation purement allégorique. À l'exception du cas d'Élisabeth mère de Jean Baptiste (Luc 1), le Nouveau Testament ne s'intéresse plus à résoudre les problèmes de stérilité. Ce sont au contraire les femmes sans enfants que l'on considère bénies, tandis que les mères sont perçues comme malchanceuses à cause de la tribulation annoncée par Jésus :

S'étant tourné vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Car voici qu'arrivent les jours en lesquels on dira : “Bienheureuses les stériles, les matrices qui n'ont pas enfanté et les mamelles qui n'ont pas allaité !” » Luc 23:28-29
Malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours ! Marc 13:17
= Matthieu 24:19
= Luc 21:23

Avec cette menace de la fin des temps, on imagine bien que les premiers chrétiens avaient mieux à faire que de s'intéresser aux préoccupations de ce monde comme le fait de fonder une famille (voir Matthieu 24:37-38 et Luc 17:26-27). Paul soutient en 1 Corinthiens 7 que l'idéal serait que tous (et non pas seulement les prêtres) restent célibataires afin de se consacrer à Dieu (ce qui est en totale dissonance avec la célébration du mariage au sein des églises). Quant aux disciples de Jésus, ils concluent qu'il est avantageux de ne pas se marier (Matthieu 19:3-10), ce à quoi le Christ répond par ces mystérieuses paroles :

Il y a en effet des eunuques qui sont nés ainsi du ventre maternel. Il y a aussi des eunuques qui ont été faits eunuques par les hommes. Et il y a des eunuques qui se sont faits eux-mêmes eunuques en raison du royaume des cieux. Que celui qui est capable de comprendre comprenne. Matthieu 19:12

Finalement, je dirai que cette abstinence encouragée par le Nouveau Testament sert de préparation à la vie d'après. À la résurrection, on ne se mariera plus (Matthieu 22:30 ; Luc 19:12). Le seul mariage qui aura lieu est celui des « noces de l'Agneau », l'union entre l'Église et Christ présentée à la fin de l'Apocalypse de Jean. On y parle aussi de 144'000 rachetés réputés pour être restés vierges (Apocalypse 14:3-5).

Dans les siècles qui suivirent, plusieurs auteurs préconisaient de rester chaste et faisaient l’éloge de la virginité. Pour Grégoire de Nysse, celle-ci a le mérite de faire obstacle à la mort qui ne peut exister sans la naissance :

Si donc la mort n’a pas le pouvoir d’outrepasser la virginité mais est au contraire stoppée et détruite par cette dernière, cela prouve irréfutablement que la virginité est plus forte que la mort. Aussi, il est juste d’appeler pur le corps qui ne s’est pas mis au service de la vie corruptible et qui n’a pas accepté de devenir l’instrument d’une mortelle succession. Grégoire de Nysse, De la virginité, 14, 1

Jean Chrysotome rappelle justement que la mort et la sexualité n’existaient pas avant la faute d’Adam et Ève. Puisqu’Éden, ce jardin sous-peuplé, était précisément le paradis sur terre, il se raille bien de ceux qui s’inquiètent de la potentielle chute démographique qu’entrainerait la continence :

Toute la terre était jadis vide d’hommes. C’est aujourd’hui cela qu’ils craignent, ceux qui se préoccupent du monde, se préoccupant activement des affaires des autres, mais ne supportant pas de songer à leurs propres affaires. En ce qui concerne la race des hommes entière, ils craignent qu’elle ne disparaisse un jour, mais en ce qui concerne leur propre âme, chacun la néglige comme une chose étrangère ! Et cela alors qu'en ce qui concerne cette dernière, des comptes rigoureux des moindres choses leur seront demandés, tandis qu'en ce qui concerne la faible population d’hommes, il n’y aura pas d’explication à fournir. Jean Chrysotome, Sur la virginité, 14, 4

Dans son Du bien conjugal, saint Augustin va encore plus loin en rêvant que l’humanité puisse s’éteindre via la virginité. Le refus de se reproduire atteint ainsi des proportions eschatologiques et constitue en fait une véritable preuve d’amour pour le royaume de Dieu :

Mais je sais ce qu’ils murmurent : « Que se passerait-il, disent-ils, si tous voulaient s’abstenir de rapport sexuel ? Le genre humain subsisterait-il ? ». Puissent-ils tous le vouloir ! Simplement par charité, en raison d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère ! La cité de Dieu se remplirait beaucoup plus rapidement et la fin des temps en serait accélérée ! Augustin d'Hippone, Du bien conjugal, 10, 10

Je n’aurai cité que trois Pères de l’Église. Il y aurait tellement plus à dire. Et plus encore si l’on ne se cantonnait pas seulement aux auteurs officiels mais qu’on allait également regarder du côté des « hérétiques », des gnostiques, des textes apocryphes, ou des cathares au Moyen Âge...

Nous avons vu que le christianisme des premiers siècles mettait la reproduction de côté. Mais alors, comment ce fait-il que le christianisme actuel soit si nataliste ? Théophile de Giraud propose qu'en devenant religion d'État à Rome, la foi chrétienne n'a eu d'autre choix que de se plier à la nécessité qu'a un empire de renouveler ses contribuables et ses soldats. S'il est vrai que le pronatalisme chrétien tient à la base plus de raisons économiques et nationalistes que de réflexions théologiques, je suis convaincu qu'un fidèle peut sans aucun problème adhérer à une forme d'antinatalisme.

J'irais maintenant plus loin en prétendant qu'un chrétien devrait être antinataliste. Pour celles et ceux qui croient à l'enfer – au mieux un lieu indésirable, au pire une prison d'éternelles tortures selon les théologies –, il devient indubitablement inconscient de procréer. Pourquoi diable risquer que son enfant chéri se retrouve en enfer pour l'éternité ? Certains répondront peut-être qu'il vaut mieux avoir une chance d'entrer au paradis que de ne jamais naitre. Je ne suis pas d'accord. Laissez-moi m'exprimer par une parabole :

Il y avait un Norvégien et un Australien. L'Australien n'avait que peu d'argent, juste ce qu'il lui fallait. Sa vie était frugale, mais il se contentait de n'être ni aisé ni dans le besoin. Un jour, on proposa en secret un pari au Norvégien. C'était un pari spécial car on ne jouait non pas avec son argent, mais avec celui de l'Australien. Si le Norvégien remportait le pari, l'Australien recevrait jusqu'à 100'000 pièces d'or grâce auxquelles il serait comblé de joie pour toute sa vie. Mais s'il perdait, l'Australien aurait jusqu'à 100'000 pièces de dettes et passerait le reste de son existence dans la misère et la faim. Le Norvégien doit-il tenter le pari ?

Il me semble que la plupart regarderait ce pari comme évidemment immoral. Je soutiens aussi qu'un enfant non-né s'apparente à ce personnage de l'Australien, ni heureux ni malheureux, dépourvu de besoins et d'envies, qui ne demande rien et ne peut donner son consentement. Si mon analogie tient la route, il ne faut pas procréer ; tous les délices paradisiaques ne font que pâle figure face à la chance de subir les tourments infernaux. Le « pari de Pascal » suggère qu'il vaut mieux parier sur l'existence de Dieu pour s'assurer de ne pas atterrir en enfer. Moi, je dis qu'il ne faut pas créer de parieurs en premier lieu ; après tout, « Le juste est de ne point parier » (Blaise Parcal, Pensées) si j'ose dire. Ajoutons que les chances de l'emporter sont minces : Jésus déclarait que le chemin qui mène à la perdition est large (Matthieu 7:13-14) et que le nombre de sauvés sera faible (Luc 13:23-24). À noter que mon argument n'exclut pas complétement les non-croyants puisque la simple vie terrestre de leur enfant pourrait déjà ressembler à un enfer.

Un chrétien devrait également renoncer à se reproduire pour des questions de rentabilité. Il me parait en effet inutile et même absurde d'enfanter des âmes dans le but qu'elles rejoignent le paradis. Ce qu'il conviendrait de faire serait plutôt de consacrer toute son énergie aux personnes déjà existantes et qui ont de ce fait besoin du salut. Je rapprocherais mon point de vue de la parabole de la brebis égarée, expliquant qu'il y a plus de joie pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes. (Matthieu 18:12-14 ; Luc 15:3-7). Fonder une famille chrétienne nombreuse afin d'accroitre artificiellement le nombre de justes (et encore, beaucoup d'enfants ont tendance à délaisser la foi de leurs parents) va à l'encontre de l'esprit de cette parabole. Convertir des non-croyants a l'avantage de peupler le paradis et d'arracher des âmes à l'enfer.

Terminons par quelques exemples d'« antinatalisme chrétien » à l'époque moderne. Les shakers sont un courant de protestants anglais implanté en Amérique par Ann Lee en 1774. Le nombre de shakers crut uniquement via l'adoption et les conversions du fait qu'ils rejettent la procréation. D'autres de leurs valeurs comprennent le pacifisme ainsi que l'égalité de genre et de race. En 2022, ils ne comptaient plus que deux membres résidant dans l'État du Maine .

Chateaubriand comprenait le christianisme comme une religion prônant une limitation des naissances : « Or, il nous paroît qu’une des premières loix naturelles qui a dû s’abolir à la nouvelle alliance, est celle qui favorisoit la population, au delà de certaines bornes » (François-René de Chateaubriand, Génie du christianisme, I, p. 61-62). Il ajoute :

Le Législateur des chrétiens naquit d’une vierge et mourut vierge. N’a-t-il pas voulu nous enseigner par là, sous les rapports politiques et naturels, que la terre étoit arrivée à son complément d’habitans, et que loin de favoriser les races, il faudroit désormais les restreindre ? A l’appui de cette opinion, on remarque que les Etats ne périssent jamais par le défaut, mais par le trop grand nombre d’hommes. Une population excessive est le fléau des Empires. Ibid., p. 62

Dans son Journal, Kierkegaard tient nombre de propos antinatalistes. Voici quelques exemples :

Si le monde, comme enseigne le christianisme, est un monde du péché, est dans le mal, alors eo ipso, le bon citoyen, le chrétiennement bon, si j'ose dire, est celui qui ne propage pas notre espèce peccamineuse. Sœren Kierkegaard, Journal,
traduction de Knud Ferlov et Jean-J Gateau, p. 84
Selon la doctrine du christianisme Dieu n'a qu'une visée sur nous autres, il veut être aimé des hommes. Mais pour devoir aimer Dieu, il leur faut renoncer à tout égoïsme, avant tout et surtout à cet égoïsme intensifié : la reproduction de l'espèce, le pouvoir de donner la vie. Ibid., p. 259
Puis le fils apprend que la mort l'attend... en punition de sa venue au monde, parce qu'elle est faute et infraction. Et il apprend que cette vie-ci doit être une vallée de larmes, un pénitencier, que le monde est dans le mal, que Dieu veut qu'il se haïsse soi-même, et que s'il ne veut pas ce que Dieu veut, un châtiment éternel l'attend. Ibid., p. 262
La plupart des hommes n'ont pas assez d'amour-propre pour pouvoir s'affirmer en face d'autres hommes, aussi leur sentiment d'eux-mêmes a-t-il besoin que quelques-uns leur obéissent absolument, quelques-uns qui soient complètement en leur pouvoir, afin de sentir eux aussi tout de même que l'homme est maître. C'est à quoi servent les enfants ; Dieu nous garde de ce qu'à cet égard la vie familiale recèle de brutalité et d'égoïsme, puisqu'il n'est malheureusement que trop certain que les parents, le plus souvent, ont plus besoin d'éducation que les enfants. Ibid., p. 269

Vers la fin de sa vie, Kierkegaard rendit grâce à Dieu pour trois choses : la deuxième, de ne pas être devenu pasteur, la troisième, de s'être volontairement exposé aux insultes du Corsaren (un journal satirique danois). Quant à la première : « Qu'aucun être vivant ne me doit l'existence » (ibid., p. 294). Il rajouta que faire naitre est un exploit criminel :

Mensonge abominable ! Cet exploit est, chrétiennement, un crime, aux yeux de Dieu un crime, et la vilenie de ce crime c'est encore que les intéressés n'en viennent pas à en souffrir eux-mêmes, mais qu'un innocent en naissant soit jeté dans cette institution de criminels qu'est l'existence humaine. Ibid., p. 353

Quoi que marginaux, on trouve aujourd'hui des chrétiens qui se considèrent antinatalistes. Il existe un subreddit r/ChristianAntinatalism. Un certain Martin Smith a écrit en 2013 No Baby No Cry : Christian Antinatalism.


Ressources

Théophile de Giraud, La grande supercherie chrétienne : de l'oubli que le christianisme des origines était un antinatalisme, Amougies : Cactus Inébranlable, 2019. Sœren Kierkegaard, Journal (extraits) : 1854-1855, traduit du danois par Knud Ferlov et Jean-J Gateau, Paris : Gallimard, Les Essais XCIX, 1961. Martin Smith, No Baby No Cry : Christian Antinatalism, auto-édition, 2013, https://theselfishparent.files.wordpress.com/2012/06/nbnc4_4.pdf. Peter Brown, Le renoncement à la chair : Virginité, célibat et continence dans le christianisme primitif, Paris : Gallimard, 1995. Regards protestants, « Célibataire, un juste choix de vie ? Marjorie Legendre » (23 mai 2023), YouTube, https://www.youtube.com/watch?v=zxC0nOhYMoc.